« J’étais une très belle jeune femme, les garçons me couraient après. J’ai travaillé toute ma vie et j’avais tout ce dont j’avais besoin pour vivre et même plus. C’est ça que je souhaite partager c’est que tu ne sais jamais ce qui peut arriver, et ça peut arriver quand tu t’y attends le moins. J’ai perdu mon mari il y a quelques années, quand il est mort, ça m’a plongé dans une dépression et cette dépression m’a emmené dans la rue. Je ne pouvais plus travailler, je ne pouvais plus penser, je n’étais pas assez forte pour faire face à ça, je l’aimais tellement, c’était un homme merveilleux. Mes frères sont partis très vite, ça a été très dur pour eux aussi, et pour moi, je ne pouvais pas handle that situation, tant de personnes que j’aime, partant les uns après les autres.
Il y a beaucoup de femmes comme moi dehors, avec leurs enfants. Merci Dieu ça n’est pas arrivé quand mes enfants étaient petits. Quad je vivais dehors, c’était une vie terrifiante. C’est ce qui fait que c’est difficile pour beaucoup de personnes de sortir de la rue, il y a beaucoup de types de personnes, certaines font de mauvais choix. Ça fait peur dehors tu sais? Oui tu sais. Je vivais dans des abris pour sans abri mais c’est très dangereux et beaucoup te volent, chaque nuit. Tu ne peux pas laisser tes chaussures au pied du lit parce que le matin elles n’y sont plus, tu t’accroches au peu que tu possèdes. Les gens dehors ont bien des histoires, bien des choses à partager sur ce qu’est la vie.C’est rarement un choix tu sais, les gens se battent contre la vie mais nous savons bien toi et moi que la vie n’est pas un adversaire facile, parfois tu tombes au sol, c’est dur de te relever, c’est dur de croire que tu peux te relever quand tu es si faible à l’intérieur. Et puis tu essayes de trouver une raison qui te pousse tous les matins à remonter sur le ring, à faire face. Comme tu le disais, personne ne veut finir dans la rue, c’est la raison pour laquelle nous sommes ignorés, les gens peinent même à répondre à mes « bonjour », ils ont si peur d’être à ma place et de perdre la face, de tomber sur le ring.
Chaque nuit que je devais être dehors ça me prenait tellement d’énergie, juste pour trouver un endroit en sécurité, avoir ce qu’il me faut et tu n’es jamais sereine, tourne la tête 1 minute et tes affaires ont disparu. Tu dois être sur tes gardes, il y a aussi des gens dangereux, je connaissais une femme merveilleuse, elle était dans la rue et était handicapée mais elle était toujours heureuse. Un jour elle a dit qu’elle avait eu un peu d’argent à l’église, devant d’autres sans abri et devant de vraiment mauvais « drug addicts », cette nuit-là elle a été poignardé et n’a pas survécu. J’aime apprendre, j’ai décidé de retourner à l’université, il n’est jamais trop tard pour apprendre. Maintenant je ne suis plus sans abri depuis 2012 et tout va mieux, j’ai un fils et une magnifique fille de 25 ans, la vie continue. J’ai un lit, une télévision, je peux cuisiner comme avant, comme je le faisais, je suis fière, quand c’est arrivé, ça m’a pris 3 mois pour réaliser si c’était vrai ou si c’était seulement un rêve, avoir une vie et avoir quitté la rue, redevenir une femme normale. »